LETTONIE - RUSSIE, Traités et documents de base

  • Protestation du Conseil National Letton contre la politique allemande dans les pays lettons. (fin 1918)
  • Note adressée par la Délégation lettonne à la Conférence de la Paix (08 février 1919)
  • Note de la délégation lettonne adressée à la Conférence de la Paix du 13 février 1919
  • Note adressée par la Délégation lettonne à la Conférence de la Paix (24 mars 1919)
  • Adresse de la Délégation lettone à la Conférence de la Paix, le 10 juin 1919.

  • Adresse de la Délégation lettone, lue par M.Z.A.Meierovics à la Commission pour les Affaires baltiques de la Conférence de la Paix, le 10 juin 1919.

    Monsieur le Président, Messieurs,

    Au nom du Gouvernement Provisoire de Lettonie, la Délégation lettone auprès de la Conférence de la Paix est heureuse d'avoir la possibilité d'exprimer devant cette haute Commission les revendications de la Lettonie et de la nation lettone.

    Depuis la première heure de cette guerre mondiale jusqu'à aujourd'hui, la petite nation lettone a combattu au nom des hauts principes inscrits sur la bannière de l'Entente contre l'impérialisme et la politique de force de l'Allemagne. Avec enthousiasme, elle a tout sacrifié pour la démocratie mondiale, la civilisation, l'humanité et pour la liberté de la Lettonie. Par nombreuses dizaines de mille les cadavres des meilleurs fils de la Lettonie sont restés sur les champs de bataille; toute la Lettonie est dévastée car, pendant toute la durée de la guerre, on s'est battu incessamment sur le sol letton. Des centaines de mille de fugitifs lettons errent, sans patrie, dans les immenses espaces de la Russie, préférant le sort de réfugiés à celui de sujets allemands. Cependant l'Europe occidentale jouit de la Paix, tandis que le peuple letton lutte encore, pour l'indépendance de sa patrie, contre ses voisins: l'Allemagne et la Russie soviétique.

    La nation lettone est fière que les grandes puissances de l'Entente reconnaissent ses services. Elle est fermement persuadée que les promesses qui nous ont été faites relativement à l'indépendance de la Lettonie seront maintenant confirmées d'une façon définitive par la Conférence de la Paix.

    La base principale et fondamentale de la souveraineté de la Lettonie réside dans l'unanime volonté de la nation lettone. Cette volonté est en complet accord avec les grands principes du droit, de la justice et du droit des peuples à disposer librement d'eux-mêmes que les Etats-Unis, par l'organe de leur noble Président, ont présenté comme le but de guerre de la plus grande République démocratique du monde.

    Les cordiales sympathies de la glorieuse France ont toujours accompagné la Lettonie dans sa lutte pour son indépendance. M.Noulens, Ambassadeur de France en Russie, dans sa lettre du 22 janvier 1918, adressée au Conseil National Letton, s'est exprimé en ces termes:

    "J'accueille votre démarche avec une vive sympathie, comme faite par les représentants d'une nationalité qui a conscience de ses droits et dont les citoyens, grâce à l'énergie de leurs aspirations ethniques, sont appelés à conquérir une légitime indépendance.

    "La France qui, après quatres années de lutte pour la liberté et le droit des peuples, se voit, malgré la cruelle défection d'un de ses alliés, plus près que jamais de réaliser victorieusement son idéal contre les puissances d'Allemagne et d'Autriche, ne peut manquer d'applaudir à vos efforts et de s'en souvenir quand viendra l'heure de la paix définitive et réparatrice."

    La généreuse Grande-Bretagne, par la lettre du Secrétaire d'Etat, M.A.J.Balfour, du 11 novembre 1918, a reconnu nos aspirations nationales dans le document suivant:

    "His Majesty's Government have viewed with the deepest sympaty the aspirations of the Lettish peopleand its desire for liberation from the German yoke. They are glad to reaffirm their readiness to grantprovisional recognition to the Lettish National Council as a de facto indepedant body until such time as the Peace Conference lays the fondations of a new era of freedom and happiness for your people."

    L'Italie, ce pays de la vieille civilisation gréco-latine, a exprimé son bon vouloir en faveur de la nation lettone par un écrit du baron Sonnino, en décembre 1918.

    Par une lettre de son Ambassadeur à Londres, le vicomte Chinda, le 10 janvier, le Japon, la grande puissance de l'Extrême-Orient, a reconnu dans les termes suivants l'indépendance de la Latvia:

    "I am happy to inform you that His Majesty's Government have viewed with the deepest sympathy the aspirations of the Lettish people and instructed me to convey to you their decision to grant provisional recognition to the Lettish National Council as de facto independant body pending the final settlement at forth-coming Peace Conference."

    S'appuyant sur ces bases fondamentales: la volonté du peuple letton, les hauts principes démocratiques exprimés par les Etats-Unis d'Amérique et par l'Entente, et les promesses découlant de ces principes, la nation lettone a mené un dur combat pour sa liberté et, depuis le 18 novembre 1918, la Lettonie constitue un Etat souverain, indépendant, un et indivisible.

    Au nom du Gouvernement provisoire de Lettonie et de la Nation lettone, la Délégation lettone auprès de la Conférence de la Paix a l'honneur de demander la reconnaissance, par la Conférence de la Paix, de la Lettonie comme un Etat souverain indépendant.

    Paris le 9 juin 1919.

    Signé:

    Z.A.Meierovics,
    Président de la Délégation lettone,
    Ministre des Affaires Etrangères de Lettonie

    Source:
    Henry de Chambon, Origines et histoire de la Lettonie, Mercure universel, Valentin Bresle, Editeur, Paris 1933, p.49-51.


    , Suisse Romande, 17 mai 1997, Mise à jour: 11 novembre 1999
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