LETTONIE - RUSSIE, Traités et documents de base



Histoire succincte de la Lettonie

Des populations protobaltes occupaient, au 2ème millénaire avant Jésus Christ, un territoire couvrant la Prusse, la Pologne, la Lithuanie, le sud de la Lettonie, le Belarus, l'ouest de la Russie et une partie de l'Ukraine. Au nord se trouvaient des populations fino-ougriennes, au sud des slaves et des scythes. De la Baltique partaient les routes de l'ambre vers la Méditerranée, la Mer noire et le Golf persique. Les grandes migrations accentuèrent la pression des slaves sur les baltes dont le territoire s'étendait, au 8ème siècle après Jésus Christ, de la Vistule au nord de la Lettonie et à l'est, à 100 km de la frontière actuelle de la Lettonie. Ce territoire était divisé en de nombreuses principautés où l'on parlait ancien-prussien, lithuanien ou letton.

La Daugava, le Niemen et la Vistule furent des routes commerciales pour les Vikings vers la Russie et Byzance du 8ème au 12ème siècle. Le déclin viking permit aux Courlandais (côte lettone de la Baltique) de pratiquer la piraterie dans toute la Baltique, ce qui gêna le commerce que contrôlait de plus en plus les villes hanséatiques. Ce fut un prétexte pour organiser une croisade pour christianiser et soumettre les pays prussien, letton et estonien où les révoltes durèrent tout le 13ème siècle. L'Ordre des Chevaliers Porte-glaives fut pratiquement annihilé à la bataille de Saule en 1236 et l'expension vers l'est de l'Ordre Teutoniques, qui l'avait remplacé, fut arrêtée en 1242 sur les glaces du lac Peipus. Les lithuaniens ne furent pas soumis et fusionnèrent avec la Pologne au 14ème siècle et se taillèrent un empire à l'est.

Riga fut fondée en 1201 à l'embouchure de la Daugava et devint bientôt membre de la Ligue Hanséatique. La Livonie regroupait à peu près les territoires de l'Estonie et de la Lettonie d'aujourd'hui. Elle était considérée comme un Etat appartenant en commun au Pape et à l'empereur d'Allemagne, et composé de plusieurs états, dont ceux de l'archevêque de Riga et de l'Ordre Teutonique. Le servage fut introduit avec la christianisation et le sort des serfs empira progressivement au cours des siècles. L'exclusivité du pouvoir réel revint aux allemands pour 7 siècles que leur suzerain fut suédois, polonais ou russe.

De 1557 à 1582, Ivan le Terrible porta la guerre en Livonie, ce qui entraîna divers partages de la Livonie entre Polonais, Suédois, Danois et Russes, ces deux derniers finissant par être évincés.

La Livonie rejoignit très tôt le camp de la Réforme, ce qui entraîna une sécularisation de l'Ordre. En 1562 fut créé le duché de Courlande pour le dernier Grand-maitre, vassal de la Pologne. Riga devint une ville indépendante. La Pologne imposa la Contre-Réforme dans l'Inflantia (Latgale), tout en respectant l'autonomie religieuse et culturelle de leurs vassaux allemands dans le reste de la Lettonie.

Une partie de la Guerre de Trente ans se déroula en Lettonie et l'ensemble de l'Estonie et de la Vidzeme passa sous domination suédoise. Dans la 2ème moitié du 17ème siècle, on note une certaine prospérité et un développement économique tant dans la partie suédoise que dans le duché de Courlande. Celui-ci eut comme colonies la Gambie et l'île de Tobago pour la traite des noirs et des mines de fer en Norvège pour fabriquer des canons. La première Bible fut traduite en letton par le pasteur Gluck et éditée grâce à l'aide de la Couronne Suédoise date de 1689.

En 1700 commença la grande Guerre nordique que Charles XII perdit à la bataille de Poltava en 1709 au profit de Pierre le Grand et qui fut suivie d'une épidémie de peste qui tua 60% de la population de la Vidzeme. La Paix de Nystat consacra la domination russe sur la Livonie. Suivirent à la fin du 18ème siècle les 3 partages de la Pologne qui "réunifièrent" la Lettonie au sein de la Russie. L'abolition du servage se fit en 1817 en Courlande, en 1819 en Vidzeme et en 1861 en Latgale en même temps qu'en Russie, sans que des terres soient cédées aux paysans. Ce n'est que dans la 2ème moitié du 19ème siècle que de nombreux paysans lettons purent acquérir des terres.

L'empire s'ouvrit vers l'Europe, la révolution industrielle fit de Riga une grande ville qui passa en un demi-siècle de 50'000 à 514'000 habitants à la veille de la Grande guerre. Une flotte importante de voiliers lettons se constitua et assura le commerce jusqu'en Amérique du Sud.

Le nombre d'étudiants lettons grandit dans les universités de Tartu, de Saint-Petersbourg et de Moscou. Une université technique fut fondée en 1861 à Riga sur le modèle de l'Institut Polytechnique de Zurich. Au milieu du 19ème siècle, un mouvement d'intellectuels lettons "Jaunlatviesi" (des nouveaux lettons) ouvrit la voie au développement de la presse, de la littérature et des sciences lettones. De 1873 à nos jours, tous les quatre ans, le Festival de chant choral (aujourd'hui plus de 20'000 choristes retenus après des éliminatoires) mobilisa toute la population et affirma l'identité lettone face aux vagues de germanisation et de russification.

A la fin du 19ème siècle, les idées socialistes inspirèrent le mouvement "Jauna strava" (Le nouveau courant); le parti social-démocrate letton fut fondé en 1904. La Lettonie, tant en milieu ouvrier qu'en milieu paysan, fut l'un des foyers majeurs de la révolution de 1905 et la répression s'y prolongea jusqu'en 1907. De nombreux lettons choisirent l'exil, souvent en Suisse.

Après les premiers revers russes de la Grande guerre, le front se stabilisa pendant deux ans sur la Daugava coupant la Lettonie en deux. Les réfugiés lettons s'éparpillèrent dans tout l'empire russe, les usines furent démontées et évacuées avec la main d'oeuvre. La création de 8 régiments de tirailleurs lettons fut déterminante dans le destin de la Lettonie. Après avoir été saignés devant Riga, ils fourniront les bases de l'armée rouge et celles de l'armée de libération de la Lettonie. La révolution disloqua le front et l'Allemagne s'offrit une tranche de la Russie par le Traité de Brest-Litovsk que l'on pourrait appeler le 4ème partage de la Pologne..

A la fin de la Grande guerre, une coalition de mouvements politiques lettons déclarèrent l'indépendance de la Lettonie le 18 novembre 1918. Les Alliés soutinrent le gouvernement provisoire de la Lettonie, car ils avaient intérêt à empêcher l'Allemagne de se tailler un empire à l'Est tout en limitant l'expansion des soviétiques. Il fallut deux ans aux lettons pour chasser du pays les troupes soviétiques et allemandes. Le Traité de paix fut signé le 11 août 1920 avec la Russie soviétique, et la reconnaissance de jure par les occidentaux intervint le 26 janvier 1921.

Razziée et exsangue après six ans de guerre, sans la moindre industrie, un tiers de la population réfugiée hors du territoire national, la Lettonie réussit à se construire un avenir, devint solvable, réussit une des réformes agraires les plus radicales de l'histoire et put exporter ses produits agricoles. L'industrie resta embryonnaire. Le système parlementaire fut semblable par bien des aspects à celui de la 4ème République française jusqu'en mai 1934 où K.Ulmanis imposa un régime autoritaire.

Le pacte Ribbentrop-Molotov, le 23 août 1939, fut le 5ème partage de la Pologne en attribuant à l'URSS une large zone comprenant les Etats baltes, l'Est de la Pologne et la Bessarabie. L'occupation militaire soviétique mit fin à la souveraineté de la Lettonie et fut le prélude d'une soviétisation qui se basait sur les déportations de masse et les liquidations.

Le 22 juin 1941, Hitler attaqua son allié Staline, occupa la Lettonie et perpétra à son tour des liquidations et des déportations de masses.

Le retour des troupes soviétiques à partir de l'été 1944 s'accompagna de nouvelles déportations avec une importante déportation paysanne en 1949 pour mettre en place la collectivisation des terres. Les survivants commencèrent à pouvoir rentrer en Lettonie à partir de 1956.

La population déportée ou en exil fut remplacée par des immigrés attirés par une industrialisation débridée et par des terres sans paysans. La composition ethnique en fut bouleversée: de 75% en 1939 les lettons se retrouvent 52% en 1989. En 1959 la direction du PC de Lettonie, qui avait tenté de limiter l'immigration, fut limogée pour nationalisme et remplacée par des esprits plus moscovites. Cela explique en partie les évolutions divergentes des PC baltes.

La fin des années 1980 vit l'éclosion du "3ème Réveil", également nommé "Révolution chantante" qui fut l'une des dimensions de l'effondrement de l'URSS. Le 4 mai 1990 la Lettonie proclama la restauration de son indépendance avec une période de transition, close le 21 août 1991 avec la restauration de la souveraineté et la reconnaissance internationale. La Lettonie devint membre de l'ONU le 17 septembre 1991. Il fallut encore attendre jusqu'au 31 août 1994 le retrait total des troupes russes.

Reste une divergence de taille: Pour les 50 états qui, à des degrés divers, ne reconnurent pas l'annexion des Etats baltes, et pour le gouvernement letton, il s'agit d'une souveraineté restaurée qui remet en vigueur la Constitution de 1922 et la citoyenneté définie en 1919 et qui considère comme illégal tout ce qui est advenu entre le 17 juin 1940, jour de l'invasion militaire soviétique, et le 21 août 1991, jour de la pleine restauration de l'indépendance. Par contre l'URSS et la Fédération de Russie estiment, avec diverses nuances selon les groupes politiques, qu'il s'agit d'une indépendance nouvelle légalisant la majorité des actifs et passifs de la soviétisation.


, Suisse Romande, 15 février 1998, Mise à jour: 10 novembre 1999
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