LETTONIE - RUSSIE, Traités et documents de base

Déclaration de la neutralité de la Lettonie du 1er septembre 1939


Déclaration de la neutralité de la Lettonie du 1er septembre 1939

Le Président de la République Karlis ULMANIS a signé hier la déclaration suivante:

1) Je proclame, que dans la guerre qui vient de se déclarer entre les Etats étrangers, la Lettonie observera une stricte neutralité.

2) En me basant sur la Loi définissant la neutralité III (Recueil des lois 1938 / 227), je décide que les règles définies dans ladite loi s'appliquent à tous les Etats belligérants à partir du 1er septembre 1939.

K.Ulmanis
Président de la République

Source:
Publié dans "Valdibas Vestnesis" (Journal officiel) le 2.septembre 1939. La loi sur la Neutralité fut adoptée le 21 décembre 1938. cité dans:
Latvijas okupacija un aneksija: 1939 - 1940: dokumenti un materiali. I.Grava-Kreituse, I.Feldmanis, J.Goldmanis, A.Stranga. Riga, 1995 p.83.
Traduction française: © mars 1997


Commentaires:
  • Cette Déclaration de neutralité sera violée par le Pacte d'assistance mutuelle imposé aux trois Etats baltes.
  • La loi de neutralité du 21 décembre 1938 s'inspire des Règles nordiques de Neutralité adoptées le 27 mai 1938 par les gouvernements du Danemark, de la Finlande, d'Islande, de Norvège et de Suède. L'Estonie adopta une loi avec un contenu identique le 3 décembre 1938 suivie par la Lithuanie le 25 janvier 1939. Ces Etats se distancient de la solidarité entre membres de la SdN que prescrit l'article 16 du Pacte.
    Source:
    Romain YAKEMTCHOUK, Les Républiques baltes en droit international. Echec d'une annexion opérée en violations du droit des gens. Annuaire français du droit international XXXVII 1991, Ed. du CNRS, Paris

  • Ces décisions sont directement liées au comportement des grandes puissances (Allemagne, Italie, Grande Bretagne et France) au moment de l'Anschluss de l'Autriche en mars 1938 et à leur participation au démembrement de la Tchécoslovaquie à Munich le 29 septembre 1938 au nom de la Paix. Ils se sont arrogé le droit de disposer de territoires d'Etats tiers et ils ont enterré les principes de la sécurité collective de la SdN.

  • M.A.Zunda, dans son livre sur les relations entre la Lettonie et la Grande-Bretagne, note p.75 que :
    Début 1938, Chamberlain affirme que la Grande-Bretagne n'a pas d'intérêts spéciaux en Europe Orientale. Il commence à réviser restrictivement sa position vis à vis de l'art.16 de la Charte de la Société des Nations pour éviter que la Grande-Bretagne soit entraînée dans un conflit. 
    et p.79-80 que :
    La Lettonie annonce à la SdN le 19.09.38 ne plus vouloir être automatiquement liée par l'art.16 de la Charte de la Société des Nations pour porter secours aux états victimes d'agression, mais de se déterminer au cas par cas. C'était la renonciation à la sécurité collective de l'art.16. C'était quelques jours avant Munich qui fut la preuve que les promesses des grands Etats ne pouvaient pas être prises au sérieux.
    Le 18.11.38 les trois Etats baltes coordonnaient leurs lois sur la neutralité. Dès le 25.11.38 la Grande-Bretagne protestait contre les restrictions imposées par ces lois. Elle protestait également contre les lois de neutralités scandinaves. Une nouvelle campagne britannique contre les restrictions imposées par ces lois balto-scandinaves débuta en mai 1939 au moment des négociations France – Grande-Bretagne – URSS. Une dernière protestation eut lieu le 27.10.39 alors que l'URSS avait déjà obtenu des bases.
    Source : ZUNDA A., Latvijas Lielbritanijas attiecibas 1930-1940 (Relations entre la Lettonie et la Grande-Bretagne 1930-1940), LU Latvijas zurnala “Latvijas Vesture” fonds, Riga 1998, p.267,

  • On reste songeur aujourd'hui devant les réactions d'après Munich : on ne voyait que la paix, il était normal de sacrifier un état et tous les principes de la SdN.
    “ Des cérémonies d'actions de grâce sont célébrées à Fourvière par le cardinal Gerlier, à Lille par le cardinal Liénart, à Paris, au Temple de l'Oratoire par le pasteur Bogner.
    “ Enfin, à Genève, le président de l'Assemblée de la SdN a recueilli d'unanimes applaudissements en remerciant, en des termes vibrants, Chamberlain et Daladier d'avoir maintenu la paix!”
    Source: p.207, Bonnet Georges, De Munich à la guerre, défense de la paix, éd. Plon 1967, p.585


    , Suisse Romande, 25 mars 1997, Mise à jour: 24 septembre 2001
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